Chaque année, le photographe Mathieu Dupuis s’envole vers moult destinations pour immortaliser ce qu’elles ont de plus beau, mais aussi de plus secret.
L'appel du voyage
Chaque année, le photographe Mathieu Dupuis s’envole vers moult destinations pour immortaliser ce qu’elles ont de plus beau, mais aussi de plus secret. On s’entretient avec cet artiste qui n’a pas peur de sortir de sa zone de confort, et qui parvient très bien à concilier aventure et maladie cœliaque.
Quand on demande à Mathieu Dupuis depuis combien de temps il s’adonne à la photographie, il répond spontanément que cette passion l’anime depuis toujours. « En fait, dès le début de mon adolescence je me suis intéressé à cette activité, qui est rapidement devenue une passion. J’en faisais entre autres avec mon père qui, bien qu’il s’y vouait de façon amateur, possédait une chambre noire pour développer ses clichés à la maison », raconte celui qui s’est donc tout naturellement dirigé vers cette spécialité quand est venu le moment de choisir un domaine d’études.
Un mal pour un bien
Le début de son adolescence concorde aussi avec la période où il séjourne souvent à l’hôpital, souffrant depuis l’âge de 9 ans d’une panoplie de symptômes sévères que les spécialistes n’arrivent pas à expliquer. « J’avais 13 ans quand un gastroentérologue du CHU Sainte-Justine m’a finalement dirigé vers une alimentation exempte de gluten et qu’ont été constatées des améliorations significatives. » À l’époque, soit au début des années 90, Mathieu était le deuxième cas de maladie cœliaque rencontré par le médecin.
C’est durant ses nombreuses visites dans les cliniques et dans les hôpitaux que Mathieu Dupuis fait une découverte qui allait changer le cours de sa trajectoire : celle des magazines du National Geographic. Parcourir les pages de ces publications a non seulement contribué à développer sa passion pour la photo, mais également pour le voyage. Il se rappelle que déjà à cette époque, il était particulièrement fasciné par tout ce qui concernait la Scandinavie et ses paysages bruts marqués par le froid. Dès lors, l’adolescent caresse le rêve de devenir photographe pour cette société américaine spécialisée dans l’édition de contenus liés à la nature, la science, la culture et l’histoire.
À la poursuite de ses rêves
Aussitôt diplômé, le jeune homme âgé de 18 ans n’a qu’une idée en tête : gagner ses galons pour pouvoir devenir photographe de National Geographic. Pour faire ses classes, il choisit de se spécialiser dans le reportage de voyage. Ses premiers mandats comptent ainsi plusieurs séjours dans le Grand Nord.
En 2010, Mathieu Dupuis se rend à Washington, où il est convoqué à une entrevue dans les bureaux de la prestigieuse entreprise. Sa candidature retenue, il collabore durant quelques années à plusieurs dossiers diffusés sur le web et dans le magazine. Mais un nouveau rêve se profile à l’horizon : celui de réaliser un livre à titre d’auteur avec National Geographic. C’est encore à grands coups de détermination et d’efforts qu’il atteint son objectif et que voit le jour au printemps 2018 : Québec : Un parcours photographique au coeur de cette province unique du Canada, son livre entièrement consacré au Québec.
Pour créer l’ouvrage, il a sillonné l’immense territoire de la province pendant près de deux ans. De ce projet aussi ambitieux que colossal, Mathieu Dupuis retient ce grand sentiment de dépaysement qu’il a ressenti dans des régions comme la Baie-James avec les communautés cris, le Nunavik, la Côte-Nord et la Basse-Côte-Nord.
« Dans ces secteurs nordiques se situant pourtant dans mon propre pays, je me sentais complètement ailleurs. C’est pourquoi il était important pour moi de faire découvrir aux lecteurs cette facette de notre territoire. »
Jongler avec la maladie
Selon les années, Mathieu Dupuis peut passer plus de 250 jours à effectuer des mandats loin de chez lui, que ce soit ailleurs au pays ou à l’étranger. Le défi est-il difficile à relever pour le cœliaque qu’il est ? « J’y arrive très bien, admet-il, mais j’avoue ne pas avoir de très hautes exigences culinaires quand je suis sur la route. Par exemple, je ne vais presque jamais au resto. »Grand adepte de plein air, il a développé plusieurs trucs lui facilitant la tâche, comme celui consistant à toujours partir avec des provisions de sécurité. « J’apporte des repas déshydratés que je prépare moi-même et que je scelle sous vide. Il arrive toutefois que je manque de réserves, mais je finis toujours par me débrouiller. Je m’assure aussi de traîner des suppléments d’entraînement en poudre. Dans le pire des cas, je peux m’en remettre à cette solution. En posant le pied quelque part, je m’achète un petit réchaud et un chaudron pour pouvoir me faire à manger un peu partout, que ce soit sur le bord de l’eau ou sur un bloc de ciment. Et puis, il m’est souvent arrivé de me nourrir presque exclusivement de riz pendant plusieurs jours, conclut le grand aventurier. »
Si Mathieu Dupuis ne sait pas encore ce que lui réserve 2019, quelques endroits sont déjà inscrits à sa feuille de route, comme le Nunavut, l’Argentine, la Nouvelle-Zélande, la Laponie et Saint-Pierre-et-Miquelon. Bref, le globe-trotteur avide ne reste jamais en place bien longtemps, pour le plus grand plaisir de nos yeux.
Pour suivre ses pérégrinations : mathieudupuis.com
Par Clémence Risler
Article paru dans le magazine Info Coeliaque Vol 35 N° 3 Hiver 2018