Rédaction : Nathalie Laroche, membre de Coeliaque Québec
Article paru dans Le Magazine Cœliaque Québec, Vol 40 N° 2, Hiver 2023
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Janvier 2022. Alors que la pandémie commençait à s’essouffler, je me réservais enfin un voyage de trois semaines en Italie. Départ prévu : septembre. Grande foodie pour qui la maladie coeliaque était à ce moment encore inconnue, je rêvais de cours de cuisine italienne, de pizza et de pâtes. Je me voyais sur une terrasse à déguster des bruschettas avec une bière Moretti ou en train d’essayer différentes huiles sur un pain italien. Vous vous en doutez, la vie en décidera autrement. En mars, après plusieurs semaines d'étranges et insupportables démangeaisons, le verdict est tombé : maladie coeliaque. Moi, coeliaque? Impossible, j’adorais le gluten! En plus du choc initial de cette maladie, j’étais dévastée en pensant au voyage. Qu'était l'Italie, sinon le pays du gluten? Mes recherches m’ont redonné espoir. L’Italie demeure l’un des pays les plus actifs dans le diagnostic et la sensibilisation de la maladie coeliaque. L’Association italienne de la maladie coeliaque (Associazione Italiana Celiachia ou AIC) aide à définir des normes de formation pour les restaurants, les hôtels et les boulangeries afin qu'ils comprennent pleinement ce qu’est une alimentation sûre pour les personnes coeliaques. Elle offre aussi une application, AIC Mobile, qui permet de trouver des établissements certifiés où l’on peut manger sans inquiétude. Armée de cette nouvelle application, d’un peu de nourriture de survie et de tout mon courage, je me suis envolée pour l’Italie avec mon amoureux.
Milan
Premier arrêt : Milan. Nous avons loué un charmant petit appartement dans le quartier central de San Babila. La Citta di Milano est une ville magnifique pour qui aime l’histoire, l’architecture et l'art. Pendant une semaine, nous avons découvert ce qui rend Milan si particulière : le gothique Duomo, la forteresse des Sforza, la pinacothèque de la Bibliothèque Ambrosiana et sa collection d’oeuvres de Leonardo da Vinci, les « forêts verticales » (un complexe d’habitation architectural incluant plus de 20 000 plantes et arbres), sans oublier les multiples magasins qui font de Milan la capitale mondiale du design et de la mode. Toutefois, le moment culminant a indéniablement été celui où j’ai mangé la meilleure pizza SANS GLUTEN. Située sur une petite rue peu intéressante près de la basilique San Lorenzo Maggiore, la Pizzeria Positano Milano ressemblait plus à un Pacini qu’à l’image probablement trop romantique que j’avais d’une pizzeria italienne. Qu’importait.
Parme
Nous nous sommes ensuite dirigés vers Parme. Alors que nous attendions le train, le tableau des départs affichait des annulations les unes après les autres, un peu comme dans les films. En plus d’apprendre deux nouveaux mots italiens, “cancellato” et “sciopero” : nous avons eu droit à une fameuse grève surprise typiquement italienne. Après plusieurs essais, nous avons enfin trouvé un autobus qui allait nous mener à destination. Au café un peu moche de la gare, mon amoureux a mangé un sandwich, mais il n’y avait pour moi qu’un sac de croustilles nature qui soit SANS GLUTEN. Fort heureusement, l’espresso était délicieux partout en Italie, même dans le pire des bouis-bouis. Nous avons loué un appartement avec un minuscule balcon donnant sur Borgo XX Marzo, une jolie rue piétonnière. J’ai toujours aimé cuisiner en voyage afin de découvrir des aliments locaux. J’en ai donc profité pour préparer un repas avec du véritable jambon de Parme et du parmesan, que nous avons dégusté sur notre balcon. Mon amoureux et moi sommes des coureurs et aimons visiter d’autres villes en participant à des courses locales. En ce dimanche matin particulièrement chaud, nous avons découvert Parme à la course : de la Piazza Garibaldi au magnifique Parco Ducale, nous avons parcouru les rues de la ville sous les encouragements (en italien!) de la foule. Pour nous récompenser, quoi de mieux qu’un gelato? Deuxième coup de coeur en talie : la gelateria Grom où tout, tout, tout est sans gluten, même les cornets les plus décadents! Pendant le voyage, j’ai visité plusieurs fois cette chaîne de restaurants présente partout en Italie. Au bout de quelques jours, nous avons loué notre “bolide” – une minuscule Fiat Panda presque en ruine – et nous sommes partis vers les Dolomites pour la partie plein air du voyage.
 Dégustation de jambon de Parme et parmesan sur notre balcon |
Cortina d'Ampezzo et ses magnifiques montagnes
Nous avons passé plus d’une semaine dans les Dolomites, ces immenses montagnes de calcaire qui font partie des Alpes italiennes. Randonnées, vélo de route, vélo de montagne, les Dolomites sont un vaste terrain de jeu pour qui aime le plein air. Notre coup de coeur a sans aucun doute été la via ferrata, un heureux mélange de randonnée et d’escalade sécurisée grâce à des câbles et échelles métalliques. En italien, via ferrata signifie « voie de fer ». Celles présentes dans les Dolomites ont été créées pendant la Première Guerre mondiale par l’armée italienne pour faciliter le déplacement des militaires et du matériel. Lors des parcours, nous avons d’ailleurs pu voir plusieurs vestiges de la guerre tels que des tranchées, des bunkers et des galeries souterraines.
C’est au terme de quelques jours d’activités physiques que nous nous sommes dirigés vers la station thermale QC Terme pour soulager nos muscles fatigués dans les sources d’eau chaude. Nous avons terminé la journée avec un aperiterme, une pause apéro comprenant prosecco, fromage et charcuterie, sans gluten évidemment.
Le pays du sans gluten
Après trois superbes semaines, nous sommes revenus à Montréal. Pour moi, l’Italie est désormais le pays du « sans gluten ». À part à quelques endroits, j’ai toujours trouvé un grand choix d’options alimentaires, souvent grâce à l’application AIC Mobile. Même le repas en avion lors du retour était mémorable : je rêve encore du petit pain moelleux et du brownie! L’Italie est le pays idéal pour voyager en tant que coeliaque et nous y retournerons sûrement. D’ici là, je pratiquerai : “Un’altra pizza senza glutine per me, per favore!”
 Via ferrata dans les Dolomites |
