Pour éviter que l’heure du lunch devienne une source de stress !

Votre montre affiche midi et les gargouillis vous le rappellent. Pendant que vous faites réchauffer votre lunch, vous entendez Linda vanter les mérites de l’alimentation cétogène, heurtant les convictions de Danielle qui est végétalienne. Cela vous rappelle Alexandre et son propos enflammé sur l’alimentation paléo et sa performance améliorée en CrossFit. Pour votre part, avec le début de la quarantaine, vous songez à combiner le jeûne intermittent à votre alimentation sans gluten stricte pour ne pas prendre du poids...

Ce portrait de la situation vous paraît exagéré ? À peine ! Les modes en alimentation sont effectivement le sujet de l’heure dans tous les milieux !

Lorsque l’on vit avec la maladie cœliaque, bien se nourrir est un défi supplémentaire, car avec le changement des habitudes alimentaires, il y a des risques de ne pas consommer suffisamment de nutriments pour combler nos besoins (consulter notre dépliant Découvrir Essayer Varier / L’assiette équilibrée)

Assiette équilibrée
Par conséquent, avant la mise en application d’un nouveau modèle d’alimentation, il importe de bien s’informer.

Découvrez sans plus tarder les types d’alimentation les plus populaires et ce qu’il faut savoir à leur propos.

Dans le végétalisme, on exclut totalement œufs, produits laitiers, viandes, volailles, poissons, gélatine et miel. Le véganisme désigne plutôt la philosophie, ce qui englobe aussi les choix de vêtements, de produits d’entretien, de maquillage, etc. À moins de cuisiner à partir de la base, il faut savoir que les produits offerts en épicerie sont souvent ultras transformés, donc des sources potentielles de contamination croisée au gluten. Le végétalisme implique également l’exclusion d’aliments fournissant des nutriments importants qui peuvent devenir insuffisants chez une personne cœliaque parce qu'ils sont moins biodisponibles* dans les produits végétaux. On n’a qu’à penser au fer ou au calcium, en guise d’exemples. De plus, il faut considérer que certains composés présents dans les végétaux et les produits «vegans» transformés, comme les phytates, nuisent à l'absorption de ces nutriments importants. Enfin, cela peut devenir épuisant de préparer et équilibrer les repas si ce mode d’alimentation n’est pas adopté par toute la famille.

Dans l’alimentation paléolithique, on évite tout ce qui ne nage pas, ne court pas ou ne vole pas. Si l’on doit cuire pour consommer, ce n’est pas paléo ! Sont donc éliminés légumineuses, grains céréaliers et pseudocéréales ( quinoa, sarrasin, amarante ), produits laitiers ( incluant ceux de chèvre ), huile de maïs/de tournesol et alcool ( théoriquement ). Encore une fois, il y a un risque de ne pas couvrir les besoins, particulièrement ceux en calcium et certaines vitamines B ainsi qu’en autres nutriments, car la cuisson permet de neutraliser certains facteurs qui nuisent à l’absorption des nutriments.

L’alimentation cétogène est la forme la plus stricte des alimentations faibles en glucides avec 20 g de glucides et moins par jour. Les gras représentent 75-80 % du menu comparativement à 30-35 % dans l’alimentation typique nord-américaine. L’hypothèse est que l’organisme peut utiliser les corps cétoniques (produits lorsque le corps utilise le gras comme source d’énergie) en guise de carburant principal au lieu du glucose, permettant de « guérir », selon ses adeptes, certaines maladies chroniques liées au style de vie (comme le diabète de type 2 et l’obésité) et neurodégénératives (comme l’Alzheimer et le Parkinson). Cette approche est par ailleurs reconnue en clinique pour traiter une forme compliquée d’épilepsie chez l’enfant.

Contrairement à ce qu’on peut lire sur les sites populaires, la proportion des protéines dans l’apport énergétique total doit être de 25 % dans la diète cétogène. Et l’on ne doit pas mettre du bacon partout ! Pour réduire autant les glucides, il faut éliminer les produits céréaliers, réduire au minimum les fruits et limiter les légumes. On risque donc de ne pas combler les besoins en fibres, certains minéraux et vitamines. La teneur élevée en gras a un effet bourratif, un défi pour ceux qui ont de la difficulté à manger en raison de leur faible appétit. Imaginez quand elle est combinée en plus au jeûne intermittent!

Le jeûne intermittent existe sous trois formes, avec des variations :

  • 24 h de jeûne total entre des journées d’alimentation à volonté ;
  • 5:2, qui consiste à se limiter à moins de 600 calories par jour pour les hommes et moins de 500 calories pour les femmes durant 2 jours non consécutifs puis de s’alimenter comme d’habitude les autres jours ;
  • 16/8, jeûne entre 21 h et 13 h (16 heures), alimentation à volonté entre 13 h et 21 h (8 heures).

En plus des risques de ne pas combler ses besoins nutritionnels, surtout si combiné avec l’alimentation cétogène, les symptômes peuvent être incommodants : fatigue, manque de concentration, maux de tête, changement d’humeur, etc. Sans compter l’impact sur les repas en famille et entre amis... Comparativement aux approches classiques de perte de poids, le jeûne intermittent ne permet pas de perdre plus de poids après six mois, selon les plus récentes études scientifiques.

Enfin, l’alimentation méditerranéenne (abondance de légumes et fruits, poissons et volailles, peu de viandes rouges, noix/graines, légumineuses, yogourt grec, fromage de chèvre, produits céréaliers de grains entiers, huile d’olive et vin rouge) est une option qui offre davantage de variété et qui s’applique facilement.

En conclusion, on constate qu’ajouter l’un des modes d’alimentation décrits à votre alimentation sans gluten stricte ne doit pas être pris à la légère. C’est pourquoi je vous recommande de consulter une diététiste-nutritionniste qui connaît bien la maladie cœliaque afin de maintenir une qualité nutritionnelle... et de vie. Une stratégie judicieuse et gagnante ! »

* biodisponibilité : pourcentage et rapidité d'assimilation d'un nutriment par la muqueuse intestinale.

Par Marlène Bouillon, Dt.P., nutritionniste
Article paru dans le magazine Info Coeliaque Vol 36 N°2 - Automne 2019

 

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