Curieuse, dynamique et attentionnée, la coprésidente du Groupe Germain Hôtels poursuit son ascension dans le monde des affaires canadien depuis 30 ans. Pour elle, aucun obstacle ne semble trop imposant, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Surtout pas la maladie cœliaque.
Ayant grandi dans une famille de restaurateurs de la ville de Québec, Christiane et son frère Jean-Yves ont eux aussi eu envie de se lancer dans l’aventure. Ils ont ouvert deux restaurants et se sont engagés aussi rapidement dans une autre avenue entrepreneuriale : la gestion hôtelière. En 1988, ils fondent donc le premier hôtel à Québec. Depuis, le projet, dont font maintenant partie sa fille et son neveu, ne cesse de grandir. En 2020, ils opéreront pas moins de 20 établissements d’est en ouest du Canada, représentant près de 1 500 employés et 5 millions de clients par année.
L’attrait de la nouveauté
La croissance continuelle de son entreprise, ses participations à l’émission Dans l’œil du dragon depuis 2017 et son implication dans différents conseils d’administration, notamment celui du Musée national des beaux-arts du Québec : voilà autant d’indices qui nous laissent deviner que Christiane Germain est avide de nouvelles expériences.
« Oui, je suis très curieuse et j’ai un petit côté aventurier, admet-elle. Il y a des gens pour qui c’est de sauter en parachute, pour moi c’est de sortir de ma zone de confort, et même des sentiers battus, en me lançant dans de nouveaux défis professionnels. J’en ai eu l’occasion tout au long de ma carrière, et je compte bien continuer à le faire. »
Pour mordre avec autant de fougue dans les opportunités qui se présentent à elle, on la devine dotée d’une grande résilience, et c’est sans doute ce trait de sa personnalité qui l’a aidé à s’adapter aux contraintes imposées par la maladie cœliaque qui lui a été diagnostiquée il y a quatre ans.
«Moi, je n’appelle pas ça une maladie, mais une condition ! nous lance d’emblée Mme Germain qui avoue n’avoir aucune difficulté avec le régime sans gluten qu’elle parvient à suivre à la lettre depuis qu’elle se sait cœliaque.»
«Sincèrement, le verdict ne m’a pas ébranlée ! J’étais même contente de savoir enfin ce que j’avais, et que ça puisse se régler en prenant les précautions nécessaires. J’ai toujours fait très attention à mon alimentation, et je me suis vite adaptée, malgré les petits deuils à faire… comme celui de ce délicieux sandwich jambon beurre qu’un commerce prépare près de mon bureau! Le seul problème, c’est que je pensais au moment du diagnostic qu’en arrêtant de consommer du gluten, je me sentirais bien après deux ou trois jours. Évidemment, ça a été beaucoup plus long !»
Une nouvelle réalité
Malgré les nombreuses réunions et les incessants déplacements dans ses établissements à travers le Canada, mais aussi aux États-Unis et en Europe, Mme Germain parvient aisément à maintenir son régime sans gluten. « Au début, cela a été plus difficile, surtout pour les questions de contamination croisée. Et même si je vais parfois dans des endroits où visiblement ils ne connaissent pas la problématique, je me considère chanceuse que ça m’arrive aujourd’hui, car les options sans gluten sont nombreuses. Par exemple, j’ai toujours aimé les pâtes, et je trouve que certaines variétés sans gluten sont très bonnes. J’en sers même parfois à mes invités à la maison sans qu’ils s’en aperçoivent ».
Bien que la nature de son travail a toujours été orientée vers les attentions portées à la clientèle visitant ses établissements, Mme Germain est aujourd’hui encore plus conscientisée aux différents enjeux entourant les allergies et les intolérances alimentaires : «Les gens qui ont des problèmes avec certains aliments sont de plus en plus nombreux et, en tant que restaurateur ou hôtelier, il s’agit d’une réalité avec laquelle il faut composer. Malheureusement, il y a aussi de plus en plus de personnes qui exagèrent et évoquent de fausses intolérances, ce qui a un impact négatif sur ceux qui ont de réels problèmes», déplore celle qui poursuit toutefois sur une note positive : «C’est une époque merveilleuse pour les cœliaques : nous avons accès à de plus en plus de produits de bonne qualité et à de belles recettes !»
Tirer son épingle du jeu
Sa volonté doublée d’une ténacité hors du commun lui ont d’ailleurs permis de se tailler une place dans le monde des affaires, à une époque où il était une chasse gardée masculine. À ce chapitre, Christiane Germain reconnaît que la situation est aujourd’hui plus favorable, mais que rien n’est gagné pour autant : «Oui, la situation des femmes sur le marché du travail a progressé. Je considère que la société québécoise y a largement contribué grâce à ses programmes qui nous ont permis d’avoir de l’ambition, de vraiment choisir notre voie professionnelle et de prendre notre place. Ceci étant dit, je crois qu’il ne faut rien tenir pour acquis, et que l’équilibre est encore fragile, nous sommes encore confrontées à certains choix que les hommes n’ont pas à faire. Bref, nous ne devons pas nous asseoir sur nos lauriers et continuer à nous battre pour nous frayer un chemin.»
Quand on la questionne sur son succès de son entreprise, elle reconnaît certes que les choses s’y effectuent avec sérieux et acharnement, mais elle affirme que le côté humain joue aussi pour beaucoup : «Le fait que je me sois lancée en affaires avec mon frère, et que l’on travaille toujours ensemble, a assurément teinté de valeurs familiales la philosophie de notre entreprise. Nous sommes très engagés dans l’entreprise», conclut-elle.
Par Clémence Risler
Article paru dans le magazine Info Coeliaque Vol 36 N°2 - Automne 2019